Umberto Saba au carrefour des mondes

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Pour la plupart des contemporains, la voix de Saba est restée longtemps inaudible et inactuelle. À cinquante ans de sa mort, il est nécessaire de faire le point sur la réception de son œuvre. Quelle est aujourd'hui la singularité de ce poète italien, marginal et périphérique, né à Trieste en 1883, alors que la ville était un port franc de l'Empire austro-hongrois ? Peut-on encore parler d'éloignement de Saba, ou avons-nous développé une familiarité, voire une intimité, avec son œuvre ? Il a été perçu comme étant en retard par rapport aux esthétiques dominantes en Italie au début du XXe siècle (D’Annunzio, expressionnisme, avant-garde) tout en étant en avance grâce à sa triestinité, qui l’a mis en contact avec des penseurs de langue allemande comme Freud et Nietzsche, qu'il considérait comme ses "deux bons maîtres". Sa lecture de Nietzsche était personnelle et différente de celle qui prévalait en Europe dans les années Trente. Nous visons à faire entendre cette voix longtemps considérée comme contre-courant, en la restituant dans son contexte et en traçant les lignes de force des lectures actuelles, dans une perspective interdisciplinaire et interculturelle, tout en réexaminant le lyrisme poétique et ses liens avec l’existence, le lieu et l’histoire.