Pierre Suzanne Eyenga Onana Libros

Le sujet féminin reste une préoccupation majeure dans les Sciences Humaines et Sociales, en dépit des acquis manifestes des femmes dans l’organisation sociétale. La littérature, de ce fait, réinvestit le paradigme du genre en redéfinissant les rapports sociaux de sexes qui se déploient comme des constructions de la société. Le présent ouvrage décrypte à cet égard les configurations que revêt le sexe social dans les fictions caribéenne et africaine du XXIe siècle. Axé autour de trois pôles sémantiques, il interroge les mécanismes de narration des genres et décode les stratégies d’autonomisation de la femme dans le vaste projet séculaire de déconstruction du phallocentrisme. La peinture caricaturale du personnage masculin, l’examen typologique des figures féminines, de même que la stylisation de la révolte scripturale, constituent les ressorts essentiels de la réflexion ainsi amorcée sur la caractérisation de l’être féminin nouveau. Il s’agit de revisiter l’esthétique littéraire inscrite dans les textes romanesques en vue de mettre en lumière le recoupement idéologique des auteurs(es) d’Afrique et des Amériques noires à travers la postulation d’une approche négro-africaine du genre dans un monde en proie à des mutations multiformes.

Dans le domaine de la sociologie du champ littéraire, la démarche sociocritique adresse tout projet de recherche visant à disséquer le diptyque Histoire-écriture dans la fiction littéraire, grâce aux présupposés heuristiques qui l’articulent. Théorisée par Claude Duchet et Edmond Cros depuis les années 1970, cette grille d’analyse revalorise constamment son code herméneutique. Toutefois, le mode opératoire qu’elle charrie s’avère ondoyant d’une Ecole à l’autre et d’un sociocriticien à un autre. La sociocritique laisse ainsi chez certains non-initiés la désolante impression d’un outil de travail ésotérique. D’autres lui opposent de ne point dévoiler clairement sa mécanique, c’est-à-dire les principaux mécanismes de décodage du sens qui l’imprègnent. Autant donc reconnaître qu’une réappropriation plus accrue de ce référentiel d’analyse s’avère opportune pour le commun des mortels. Quels axes stratégiques recèle-t-elle en filigrane pour la démystification efficace et pertinente de l’œuvre littéraire ? Sans être une publication pionnière dans la vulgarisation de la théorie sociocritique en Afrique subsaharienne, le présent ouvrage scrute les nouvelles perspectives qu’elle polarise et exhibe comme lecture à ras-le-texte de l’Histoire, partant du modèle de Pierre Barbéris à sa pratique dans le texte. L’ouvrage de critique littéraire qui en résulte cristallise un argument décisif : la sociocritique n’est qu’une sémiotique.